dimanche 4 juillet 2010

L'homme et l'araignée


En Inde, on raconte l'histoire d'un homme bienveillant et paisible qui allait prier chaque matin dans le Gange.



Un jour, une fois sa prière terminée, il remarqua une araignée venimeuse en train de se débattre dans l'eau et la recueillit dans le creux de sa main pour la transporter vers la rive.



Alors qu'il la déposait par terre, celle-ci le piqua.



Sans qu'il le sache, toutes ses prières diluèrent le poison.



Le jour suivant, la même chose se produisit.



Le troisième jour, le bienveillant homme était de nouveau dans l'eau jusqu'aux genoux. Et bien entendu, l'araignée était là aussi, nageant frénétiquement.



Alors que l'homme s'apprêtait de nouveau à la sortir de l'eau, l'araignée dit : 



"Pourquoi t'obstines-tu à vouloir me sauver? Tu ne vois pas que je te pique chaque fois? Je suis ainsi faite."



L'homme recueillit tout de même l'araignée dans sa main en lui répondant :



"Parce que c'est ainsi que je suis fait."



Il y a bien des raisons à la bienveillance, mais celle qui nous y pousse naturellement le plus est peut-être le fait spirituel que c'est ainsi que nous sommes faits.



C'est comme ça que le cœur de l'être humain continue de battre.



Les araignées piquent.


Les loups hurlent.


Les fourmis construisent des fourmilières que personne ne voit.



Et les humains s'entraident, peu importe les conséquences.



Même lorsque les autres piquent....




Mark Nepo, "Le livre de l'éveil".


vendredi 29 janvier 2010

Le carnet magique

Le carnet magique de l’astrologue-tarologue :
un pocket moleskine rouge

Philippe Sollers écrit : « Pour un écrivain, le carnet est ce qu’il y a de plus étrange et de plus intime. C’est un autre temps, une respiration d’appoint, une mémoire profonde et oblique, une chambre noire, un filtre. Là sont notées les inspirations. »
Proust, cité par Sollers : « Je vois clairement les choses dans ma pensée jusqu’à l’horizon. Mais celles qui sont de l’autre côté de l’horizon, je m’attache à les décrire. » « Le carnet est cet autre côté de l’horizon », ajoute Sollers.

Et plus loin : «
Le carnet est un archipel féérique, une suite de clairières, une expérience spirituelle, une série de visions qu’on a sous la main. A la limite, on en est plus que le secrétaire, le fonctionnement n’en finit pas, il a lieu pour lui-même, c’est un débordement permanent. Encore, encore, encore. »

Philippe Sollers, « Discours Parfait », 2010