vendredi 31 juillet 2009

Glenn Gould, une fin d’après-midi d’été




« Il faut écouter Glenn Gould de très près, de préférence une fin d’après-midi d’été, devant un paysage ouvert sur l’océan, les oiseaux, le sel. Le vieux Bach sourit. Vous entrez avec lui dans la nature, vous la devenez dans ses moindres détails, brins d’herbe, cailloux, becs, ailes, marée, lumière à droite et à gauche. Le cerveau a deux mains directes, elles sont là, indépendantes, vous êtes réveillé du grand sommeil. Appel, prière, course, sarabande. « Le Ciel affermit, la Terre abrite, les Saisons développent, le Saint imite. » Impossible d’être plus exactement concentré et plus libre. Les notes sont des nombres, vous êtes chiffré. Une mouette plane vers vous pour une bénédiction furtive. »
Philippe Sollers, « Les Voyageurs du Temps », 2009.