dimanche 16 septembre 2007

L'univers des créateurs

Depuis toujours, je crois, je feuillette les magazines littéraires, de musique et d’art, je regarde des documentaires, je lis des biographies, des autofictions, des récits, des entretiens. Parfois aussi, je voyage à la rencontre de ce qui nourrit et stimule ma créativité, tel un peintre va sur le motif. Car j'aime découvrir l'univers des artistes, celui des véritables créateurs, et plus particulièrement celui des écrivains, des musiciens et des peintres.

Quels sont leurs lieux de prédilection?

Dans quelle pièce écrivent-ils?

Dans quel paysage rêvent-ils?

La Grèce d'Henri Miller ou de Michel Déon, l'Italie du Sud de Dominique Fernandez, la Venise de Philippe Sollers. Ou bien la Petite Plaisance de Marguerite Yourcenar, le Berry de George Sand, et même le Creusot de Christian Bobin et The Idea of North de Glenn Gould.

Sont-ils des maniaques de l'ordre ou au contraire des adeptes d'un désordre ordonné?
Classent-ils soigneusement leurs livres et leurs manuscrits ou les empilent-ils négligemment sur leur table de travail, et jusque par terre dans tous les recoins de leur bureau ou de leur appartement?
Dominique Rolin à propos de Philippe Sollers, alias Jim dans ses romans : « Un ordre intellectuel. Piles de livres ou de manuscrits rangés avec un sens de la structure du cerveau. Pas de désordre, chez lui. Appartement rangé. Il a horreur du désordre. »
Un écrivain, dont j’ai oublié le nom, aligne sur une table réservée à cet effet des chemises très colorées dans lesquelles « travaillent » ses œuvres en cours de composition avec, posé dessus, un galet ; cerbère silencieux et minéral vivant.

S'entourent-ils de souvenirs personnels, de photos ; objets incitant à l’introspection ou au contraire dispositifs invitant aux voyages lointains?
D’autres avant moi se sont interrogés : « Je me suis toujours demandé où les écrivains se trouvaient physiquement lorsqu’ils rédigeaient leurs mémoires. Le lieu revêt une importance moindre pour les œuvres de fiction car le véritable espace d’un roman n’est qu’une vue de l’esprit ; tandis que les mémoires naissent de milliers de correspondances, induites par la présence d’objets réels dans la pièce » écrit Gore Vidal dans « Palimpseste ».

Leur univers est-il clair ou sombre ?
Dans la phase préparatoire à l’écriture de son « Retour à Zornhof », Gérard Oberlé a raconté qu’il écoutait dans sa voiture le « Winterreise » de Hans Zender, une adaptation moderne des fameuses mélodies de Schubert, tout en traversant la forêt lorraine de son enfance.

Encre (noire ou bleue ?) et papier (carnets, cahiers, feuilles blanches ?)
ou ordinateur et traitement de texte?
Philippe Sollers sur lui-même dans son « Dictionnaire amoureux de Venise » : « l’auteur a toujours dit qu’il écrivait à la main, avec un stylo rempli d’encre bleue achetée chaque fois, depuis quarante ans, à Venise, et que cette répétition avait pour lui une signification fortement magique ».

Il y a longtemps que je ne suis pas allée respirer l’air de Venise. La prochaine fois, je ramènerai un peu de cette fameuse encre bleue que j’espère trouver grâce aux quelques indices laissés par l’auteur et j’irai m’asseoir en fin d’après-midi sur un banc de l’église des Gesuati dans le quartier de Dorsodoro.

New-York, un jour peut-être, si je surmonte l’idée de me trouver enfermée de nombreuses heures dans un avion. Y croiser Philip Glass et sentir l’influence de tous ces intellectuels et artistes qui ont vécu, séjourné ou qui vivent encore, dans la ville de la verticalité. Ce sera fort, j’en suis certaine.