mardi 8 décembre 2009

Hallaj (857-922), soufi d’origine persane martyrisé à Bagdad



Ton esprit se mêla à mon esprit
Comme l’ambre au musc odorant
Qu’une chose Te touche, elle me touche
Car Toi c’est moi inséparablement

Hallaj, « Poèmes mystiques »

samedi 21 novembre 2009

Le laboratoire le soir



Dans le silence de la nuit,
Un parfum d'encens tibetain,
Je voyage.
Car rose est la nuit,
Dans les Pays Lointains.

"Il était une fois l'Etoile
qui brillait dans le ciel,
et le Fou qui partit dans sa direction,
à la rencontre de la Divine Essence."

vendredi 21 août 2009

La conquête de l'espace



« Nous nous envolons dans le cosmos, préparés à tout, c’est-à-dire à la solitude, à la lutte, à la fatigue et à la mort. La pudeur nous retient de le proclamer, mais par moments nous nous jugeons admirables. Cependant, tout bien considéré, notre empressement se révèle être du chiqué. Nous ne voulons pas conquérir le cosmos, nous voulons seulement étendre la Terre jusqu’aux frontières du cosmos. Telle planète sera aride comme le Sahara, telle autre glaciale comme nos régions polaires, telle autre luxuriante comme l’Amazonie. Nous sommes humanitaires et chevaleresques, nous ne voulons pas asservir d’autres races, nous voulons simplement leur transmettre nos valeurs et en échange nous emparer de leur patrimoine. Nous nous considérons comme les chevaliers du Saint-Contact. C’est un second mensonge. Nous ne recherchons que l’homme. Nous n’avons pas besoin d’autres mondes. Nous avons besoin de miroirs. Nous ne savons que faire d’autres mondes. Un seul monde, notre monde, nous suffit, mais nous ne l’encaissons pas tel qu’il est. Nous recherchons une image idéale de notre propre monde ; nous partons en quête d’une planète d’une civilisation supérieure à la nôtre, mais développée sur la base du prototype de notre passé primitif. »
Stanislas Lem « Solaris », 1961

vendredi 31 juillet 2009

Glenn Gould, une fin d’après-midi d’été




« Il faut écouter Glenn Gould de très près, de préférence une fin d’après-midi d’été, devant un paysage ouvert sur l’océan, les oiseaux, le sel. Le vieux Bach sourit. Vous entrez avec lui dans la nature, vous la devenez dans ses moindres détails, brins d’herbe, cailloux, becs, ailes, marée, lumière à droite et à gauche. Le cerveau a deux mains directes, elles sont là, indépendantes, vous êtes réveillé du grand sommeil. Appel, prière, course, sarabande. « Le Ciel affermit, la Terre abrite, les Saisons développent, le Saint imite. » Impossible d’être plus exactement concentré et plus libre. Les notes sont des nombres, vous êtes chiffré. Une mouette plane vers vous pour une bénédiction furtive. »
Philippe Sollers, « Les Voyageurs du Temps », 2009.